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Comme
l'année dernière à pareille époque, je viens de finir la
dégustation des petits lots de Da hong Pao de l'année. Ces
thés des Wu Yi Shan ont beaucoup évolué avec le temps. Ils
étaient voilà quinze ans bien différents de ce qu'ils sont
aujourd'hui. A l'époque ils avaient déjà une assise torréfiée,
grillée, boisée, animale et sous-bois, mais ils étaient
formidablement fruités. Cette caractéristique était présente au
nez dans la feuille sèche mais surtout dans l'infusion où il se
dégageait des notes franches et persistantes de fruits noirs ou
rouges, de réglisse et d'épice. Aujourd'hui ces notes dans
l'infusion ont presque totalement disparu pour laisser place à une
dominante de tabac et de grain de café que l'on pouvait trouver
alors dans les Bai Ji Guan les moins réussis. Ce changement
n'est pas arrivé d'un seul coup. Les Yan Cha fruités sont
devenus de plus en plus chers et les lots de plus en plus rares. Puis
tabac et grain de café ont été recherchés par certains amateurs
et ont eu tendance à se généraliser dans certaines productions. Ce
thé, tout d'équilibre et de complexité, est devenu monolithique et
parfois banal. Certains lots cette année produisaient même des
liqueurs que l'on ne souhaitait pas avaler...