mercredi 18 août 2010

Le thé est semblable à notre monde.


Le thé est semblable à notre monde. Une vie ne suffira pas pour en faire le tour : bien trop vaste à parcourir, trop étendu à traverser. Pourtant sur cette route du thé nous sommes nombreux à nous être engagés. Résolument. Nous rencontrons dans nos voyages d'autres amis du thé. Une confrérie aux mœurs simples ou sophistiqués, selon les lieux, selon les moments.
Il est difficile lorsque l'on arrive dans un endroit inconnu de rencontrer autrui autrement que dans la superficialité. Le voyageur est souvent accepté parce qu'il dépense son argent. Ainsi le voyage peut n'engager ni l'être du voyageur ni l'être de l’accueillant.
Avec le thé ces rencontres sont plus simples, plus limpides. Bien sûr nous ne sommes pas naïfs : certains nous offrent le thé pour mieux nous en vendre. Même dans les lieux de spiritualité. Néanmoins, préparer le thé n'est pas un acte anodin. Chaque geste de cette préparation parle de celui qui la réalise. La pratique du thé raconte ce que nous sommes : dans le faire elle engage l'être. On peut ne pas connaître la langue de celui que l'on visite, mais très vite, lorsqu'il a compris la voie qui est la nôtre -à la façon dont nous nous tenons devant lui et devant le thé- les distances se réduisent, les consciences se rapprochent. Une manière de présenter les feuilles, de verser l'eau dessus, d'utiliser les sens que nous avons reçus en partage, un silence, un regard, la trajectoire d'une main : on ne peut guère se tromper. Les faussaires et les profiteurs sont vites démasqués.
On parcourt le monde pour rencontrer les autres, et dans ce périple, le thé est un fameux médiateur. C'est un catalyseur de paix.


Mais pas seulement, on peut aussi partir à la rencontre du thé pour lui même. On se promène alors dans les jardins, les plantations, petites parcelles ou grands domaines, et là, on croise les grands créateurs de thé, ces hommes passionnés et exigeants, aux savoirs faire parfois ancestraux et aux personnalités souvent peu banales. S'ils sont heureux de nous montrer leurs trésors, c'est qu'ils ont su élever le thé dans les hautes régions de la Culture humaine.